Non, les Noirs ne sont pas des cons…
Je rédige ce post en réponse à l’article passionnant publié par mon ami congolais et noir, Serge Katembera Rhukuzage, intitulé « Désolé, mais les Noirs sont des cons« . Je comprends la frustration exprimée dans son message, et je suis d’accord avec son contenu. Cependant, je ne suis pas en accord avec son titre qui ne reflète pas du tout le message du texte. Ce sont plutôt les racistes qui sont des cons en manipulant les causes des Noirs. Le système éducatif doit faire plus pour enseigner l’histoire humaine. Si c’était le cas, nous verrions la fin de l’utilisation du singe comme insulte envers les Noirs et les métis.
Ota Benga, le pygmée congolais
Voyez le photomontage ci-joint. Tout le monde a vu comment il a circulé sur le web et les réseaux sociaux. Il montre Neymar avec son fils sur ses genoux et deux bananes, en réponse au racisme dans le football, en soutien à Daniel Alves. L’image de gauche est celle d’Ota Benga, un pygmée, exposé avec un singe dans le zoo du Bronx à New York en 1906. Ota Benga a été envoyé de son Congo natal à New York pour être exposé lors de l’exposition universelle de 1904.
Son exposition dans un zoo américain était un moyen pour les suprémacistes américains de proclamer la théorie de la supériorité de la race blanche, popularisée par Arthur de Gobineau. Il est important de se rappeler que cette théorie a été contestée par Anténor Firmin, un érudit haïtien, dans son ouvrage « De l’égalité des races humaines » publié en 1885, qui est toujours d’actualité aujourd’hui.
L’histoire d’Ota Benga est racontée dans l’essai de Desmond Morris intitulé « Le zoo humain« . Il est important de se rappeler les erreurs du passé pour ne pas les reproduire à l’avenir.
Le mépris vaut mieux que la réponse
L’action de faire des comparaisons dégradantes entre les Afro-descendants et des singes est un comportement vil, cruel et raciste à la base. Cependant, beaucoup de personnes ne réalisent pas l’impact négatif de l’utilisation du singe comme une forme d’offense et d’insulte, depuis l’exposition d’Ota Benga. Je suis désolé, Neymar, mais cette histoire est plus grande que votre culture et votre phrase « Nous ne sommes pas des singes » ne peut pas être considérée comme une solution pour combattre le racisme persistant.
Il est important de faire une distinction entre deux choses: la réaction de Daniel Alves à manger une banane face à un acte raciste clair et fréquent commis par certaines personnes dans les stades sportifs en Europe, et la campagne de soutien à Daniel promue par Neymar.
Daniel Alves a mangé une banane. Était-ce ironique? Était-ce une forme de protestation non violente à la manière de Martin Luther King? Cependant, je pense qu’il n’aurait pas pu réagir autrement. Devrait-il pleurer comme Ballotelli pour donner plus de crédit à ses adversaires? Non. Cela doit être ainsi. Les joueurs vivent avec ce genre de chose depuis de nombreuses années et cette fois, Daniel Alves a choisi de se moquer de ces imbéciles. C’est une réponse objective au racisme: ignorons-les simplement. Comme le dit un vieux proverbe haïtien: « Le mépris vaut mieux que la réponse. »
Il faut combattre la négativité très positivement
Le football n’est pas épargné par le fléau du racisme, qui prend plusieurs formes, telles que des chants haineux, des bananes jetées par des spectateurs et des propos racistes de joueurs ou d’entraîneurs sur le terrain. Les joueurs tels que Daniel Alves sont visés pour leur couleur de peau, leur religion ou leur nationalité.
Le racisme affecte les gens de différentes manières, mais les conséquences sont les mêmes. C’est pourquoi les réactions doivent être proportionnelles, comme celle de Daniel Alves. Nous pouvons, si nous le souhaitons, trouver des moyens efficaces de résoudre ce problème une bonne fois pour toutes, comme Martin Luther King l’a fait à sa manière.
Neymar, quant à lui, n’a pas compris que même manger des bananes avec son fils ne résoudra pas le problème du racisme. Son rejet du racisme peut être interprété comme une stratégie marketing, peu importe la bonne intention qui y est associée.
Comparer un être humain à un singe est une offense culturelle qui remonte à l’histoire d’Ota Benga, qui a renforcé les croyances en la suprématie de la race aryenne en Allemagne et en Afrique du Sud. La banane, associée aux singes, n’est pas un symbole de lutte contre le racisme. Le singe est en soi un animal incroyablement intelligent et fort.
Thélyson Orélien
Montréal, le 14 mai 2014
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