Briser la chaîne de la corruption

Article : Briser la chaîne de la corruption
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10 décembre 2014

Briser la chaîne de la corruption

Selon l’Organisation des Nations-Unies, la corruption affecte tous les pays, sapant les institutions démocratiques, le retard de croissance du développement économique et contribue à l’instabilité gouvernementale. C’est le plus grand obstacle au développement économique et social dans le monde. Le thème de cette année pour la Journée internationale de lutte contre la corruption, célébrée le 9 décembre de chaque année, est «Briser la chaîne de la corruption» – une campagne menée par le Programme de développement des Nations Unies et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. L’appel a été adressé à toutes les sociétés civiles et tous les citoyens du monde afin de faire barrage à ce fléau. Que disent les experts ?

Le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz dans son livre Le Prix de l’inégalité et James Wolfenshon, économiste et ancien président de la Banque mondiale, ont fait eux-mêmes la conclusion surprenante, selon laquelle, des pays développés économiquement, qui sont pourtant parmi ceux des moins corrompus du monde, par l’entremise de leurs Organismes non gouvernementaux et leurs multinationales sont les grands responsables des corruptions dans les pays dits «Tiers-Monde».

En dépit des détracteurs, ils affirment que, la corruption est une question politique et non économique. Par conséquent, il n’est pas convenable de lutter contre le détournement de petits sommes d’argent des pays démunis.

Donc, si on veut briser la chaîne de la corruption, il faut, avant tout, commencer à lutter contre son aspect qui est : fonctionnaliste, structuraliste et systémique à l’échelle mondiale. Cette thèse a été démontrée par l’Indice de corruption des pays exportateurs (ICPE). Elle révèle entre autres que de nombreuses multinationales basées dans les pays industrialisés continuent d’avoir recours aux pots-de-vin pour remporter des contrats à l’étranger. Les résultats des travaux et d’enquêtes menés par la Banque mondiale ont affirmé la même chose (Chafik Allal, Transparency chez les autres, p. 20-23. ITECO).

La corruption et la mauvaise gouvernance sont étroitement liées. Le fait qu’il y a eu au Québec, par exemple, la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction – communément appelée Commission Charbonneau – est la preuve que le Québec, est l’un des rares à se prendre en main sur la question. C’est peut-être aussi une preuve qu’elle est la province, au Canada, ayant plus de mécanismes mis en place, pour détecter, décrypter, inspecter, et révéler la corruption. Car une commission d’enquête dans le but de mettre le holà sur le phénomène de la corruption n’existe pas toujours dans tous les États.

Un point important, d’un côté (vidéo)

(Extrait de l’excellent film J’ai pas voté disponible en intégralité sur la chaîne YouTube )

D’un autre côté, les firmes transnationales accaparent et détournent des milliards de dollars appartenant aux pays pauvres et à ceux en voie de développement tous les ans, par l’entremise des évasions fiscales et d’autres pratiques illicites.

La corruption est un facteur majeur de pauvreté. Mais si nous voulons être sérieux au sujet de la lutte contre ce problème, la carte de l’Indice de perception de la corruption (CPI) du tableau de classement de Transparency ne pourra pas beaucoup nous aider.

La principale cause de la pauvreté dans les pays «Tiers-Monde» et dans ceux en développement n’est peut-être pas localisée en corruption interne, mais de la corruption qui est endémique au système de la gouvernance mondiale. La corruption dans les partis politiques, le réseau des paradis fiscaux, et autres secteurs de la finance.

Transparency International (TI), l’organisation d’origine allemande vedette de la lutte conte la corruption des gouvernements et institutions gouvernementales mondiaux, a publié son rapport annuel sur l’état de la corruption dans le monde, le mardi 2 décembre 2014. Basé sur le classement des évaluations d’experts et des sondages d’opinion.

La principale conclusion qui ressort de ce rapport c’est que plusieurs pays qui se développent économiquement sont en proie à de graves problèmes de corruption. Il est temps de retourner le mythe de la corruption sur la tête des plus pauvres et commencer à exiger la transparence là où ça compte vraiment si on veut effectivement « Briser la chaîne de la corruption ».

Classement Transparency International – 2014

1. Danemark 92

2. Nouvelle-Zélande 91

3. Finlande 89

4. Suède 87

5. Norvège 86, ex-aequo avec la Suisse

7. Singapour 84

8. Pays-Bas 83

9. Luxembourg 82

10. Canada 81

12. Allemagne 79

14. Grande-Bretagne 78

15. Japon 76

17. Etats-Unis 74

26. France 69

64. Turquie 45

69. Brésil 43

85. Inde 38

100. Chine 36

136. Russie 27

166. Erythrée 18, ex-aequo avec la Libye et l’Ouzbékistan

169. Turkménistan 17

170. Irak 16

171. Soudan du Sud 15

172. Afghanistan 12

173. Soudan 11

174. Corée du Nord 8, ex-aequo avec la Somalie

Méthodologie: le rapport de Transparency classe 175 pays sur une échelle de 0 à 100, du plus corrompu au plus vertueux. Pour établir son indice, Transparency rassemble des avis d’experts au sein d’organisations telles que la Banque mondiale, la Banque africaine de Développement, la Fondation allemande Bertelsmann… Challenges.fr

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