La contradiction américaine

Article : La contradiction américaine
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20 octobre 2014

La contradiction américaine

Les États-Unis font preuve d’une attitude collective de non-conformité. Si certains facteurs d’irritation ont relation avec la conjoncture économique, d’autres reflètent la frustration avec des problèmes internationaux. Le mécontentement généralisé se manifeste dans le climat politique qui entrave toute initiative gouvernementale exigeant une décision du Sénat et de la Chambre des représentants.

Dans le cas où les républicains gagnent la majorité du Sénat aux élections de novembre, la situation de l’obstruction législative aura tendance à s’accentuer. Le manque de relations harmoniques au Congrès ne paralysera pas le travail du président Obama, mais peut limiter considérablement et en tout temps l’efficacité de son programme.

Chômage au plus bas, inégalités au plus haut

Les États-Unis atteindront la trajectoire d’une reprise économique durable. Le taux de croissance annuel anticipé, bien que modeste, dépasse ceux des autres pays développés. L’article In Defense of Obama publié début octobre dans Le magazine Rolling Stone, de la plume de l’illustre blogueur du New York Times, Paul Krugman, prix Nobel d’économie, jadis pourfendeur féroce de Barack Obama, le présente comme le chef d’État américain qui a connu le plus de succès et même même l’un des meilleurs présidents américains.

Il fait la liste en 55 chiffres typiques et représentatifs, prouvant l’immense travail du locataire actuel de la Maison Blanche. Le chiffre qui témoigne le plus est la baisse considérable du taux de chômage aux États-Unis, passé de 10 % environ, du moment de la crise bancaire et financière de 2008 et 2009 à 5,9 % la semaine dernière. Selon les dernières données macroéconomiques, le déficit budgétaire a atteint son plus bas niveau, près d’un tiers, depuis 2008.

Néanmoins, l’économie américaine est tout aussi incapable d’en distribuer ses fruits. Le bien-être des familles à faibles revenus et de la classe moyenne a créé un malaise qui est loin de se dissiper malgré la publication des indicateurs positifs. Ces modifications apportées à l’économie américaine tendent de préférence à favoriser, de manière disproportionnée, les secteurs du patronat. Ou même une stagnation du revenu en termes réels des travailleurs de la classe moyenne et de la population active.

Les inégalités n’ont jamais été aussi grandes depuis un siècle. Le coût de la vie augmente. Les riches deviennent plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres. Le coût associé à la rescousse des institutions financières dans des conditions d’insolvabilité a mis en lumière que les avantages obtenus par leurs chefs obéissaient à des motifs autres que leurs mérites d’affaires. Le sentiment que les règles du jeu sont «un modèle économique injuste» a été renforcé par des études empiriques qui montrent un niveau croissant de l’inégalité et des comparaisons défavorables avec d’autres pays industrialisés.

Affaires internationales

L’ambiance sur les problèmes internationaux est exprimée de diverses manières. En ce qui concerne les tensions des nations du Proche-Orient et du Moyen-Orient, les expériences de la guerre en Afghanistan et en Irak laissent encore de mauvais souvenirs. Les tentatives visant à inculquer des valeurs démocratiques dans des sociétés ayant des traditions culturelles différentes restent infructueuses.

L’appareil militaire américain est conçu pour faire face à des forces armées et rivaliser avec les États. Il ne convient pas à repousser les agressions de groupes irréguliers motivés par le fanatisme religieux. Des interventions partielles, comme l’engagement contre les combattants de l’État islamique (EI) sont difficiles à expliquer.

Dans le cas des conflits périphériques qui ne constituent pas une menace directe pour la sécurité nationale, la tendance à Washington est de garder le profil bas et laisser les puissances régionales directement touchées à prendre leur propre initiative.

Les critiques 1000 fois répétées contre l’ingérence et impérialisme américains nous ont persuadés que la richesse des États-Unis était due à l’exploitation éhontée qu’ils faisaient du reste du monde. Il faut parfois se méfier de cette opinion très répandue, située entre le stéréotype et le cliché. C’est plutôt l’inverse : dans bien des cas, le rôle mondial qu’ils ont assumé leur a coûté cher, y compris sur le plan humain.

La fatigue sur les responsabilités mondiales est également notée en matière économique. Il y a aujourd’hui un soutien moins politique à des entités comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Malgré une série de mesures imposées à certains pays (dévaluation de leurs devises, promotion des exportations aux dépens des cultures vivrières, libération du commerce, réduction des restructurations imposées aux investissements étrangers et privatisations). Le climat aux États-Unis semble peu réceptif aux propositions visant à renforcer même les mécanismes de la coopération économique internationale.

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