La crise du logement au Canada : ce que vous devez savoir avant d’immigrer

Article : La crise du logement au Canada : ce que vous devez savoir avant d’immigrer
Crédit: Ville de Toronto, par Skitterphoto via Pexels
12 juin 2024

La crise du logement au Canada : ce que vous devez savoir avant d’immigrer

Imaginez arriver dans un pays magnifique, plein de promesses, où les paysages époustouflants et les opportunités attirent des gens du monde entier. Cependant, derrière cette image idyllique, le Canada fait face à une crise de logement sans précédent. En 2023, le taux d’inoccupation des logements locatifs a atteint un plancher historique de 1,5 %, accompagné d’une augmentation moyenne des loyers de 8 % en un an. Ces chiffres, publiés par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), révèlent une situation critique qui persiste encore aujourd’hui.

La rareté des logements touche toutes les grandes villes canadiennes, de Montréal à Toronto en passant par Québec. L’économiste Francis Cortellino de la SCHL souligne que cette pénurie est généralisée, affectant autant les grandes villes que les petites et moyennes agglomérations. Par exemple, des villes comme Trois-Rivières affiche un taux d’inoccupation de seulement 0,4 %, Drummondville de 0,5 % et Québec de 0,9 %, tandis que Montréal a vu son taux d’inoccupation passer de 2 % à 1,5 % en un an, rejoignant ainsi la moyenne nationale.

Coûts de déménagement prohibitifs

Je me souviens encore de mes premiers jours à Montréal, en tant qu’étudiant étranger. Trouver un logement abordable était déjà un défi à l’époque, mais la situation actuelle est bien pire. Les prix des loyers, quant à eux, ont grimpé en flèche. À travers le pays, la hausse moyenne des loyers a été de 8 %. Mais derrière cette moyenne se cachent des disparités importantes.

À Québec (la ville), le loyer moyen pour un logement de deux chambres a augmenté de 4,8 %, tandis qu’à Montréal, cette augmentation a été de 7,9 %. La région métropolitaine de Sherbrooke détient le record au Québec avec une hausse de 9,8 %. Calgary, cependant, dépasse toutes les autres villes canadiennes avec une hausse spectaculaire de 14,3 %.

Le coût moyen d’un logement de deux chambres s’élève désormais à 1040 $ à Québec et 1096 $ à Montréal. Ces chiffres sont des moyennes, et les loyers pour les appartements ayant changé de locataires sont encore plus élevés : 1310 $ à Montréal et 1128 $ à Québec, avec des hausses respectives de 18,9 % et 13 %.

En comparaison, Toronto, Vancouver et Calgary présentent des loyers nettement plus élevés, atteignant respectivement 2405 $, 2601 $ et 1771 $ pour des logements avec roulement de locataires.

Pourquoi ces chiffres sont-ils si importants ? Si vous prévoyez d’immigrer au Canada, vous devez savoir que le coût du logement sera un facteur déterminant de votre qualité de vie. Quand j’étais locataire, je me souviens avoir passé des semaines à chercher un appartement à un prix raisonnable, et finalement, j’ai dû accepter un petit studio dans un quartier éloigné.

En déménageant, les Canadiens eux-mêmes hésitent de plus en plus à quitter leurs logements actuels par peur de ne pas en trouver de nouveaux à des prix abordables. Le taux de roulement des locataires a diminué, passant de 11,1 % à 10,4 % au Québec, et à Drummondville enregistrant le taux le plus faible à 5,4 %.

Facteurs contributifs : emploi et immigration

Vous vous demandez peut-être pourquoi cette crise persiste. Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Premièrement, bien que l’offre de logements ait augmenté de 1,7 % au niveau national, cette hausse est insuffisante face à une demande croissante. À Montréal, par exemple, l’offre de logements a augmenté de 1,8 %, mais cela n’a pas suffi à compenser la forte demande.

Deuxièmement, la croissance de l’immigration et de l’emploi est un moteur essentiel de cette demande accrue. En 2023, le Canada a accueilli un nombre record d’immigrants et de résidents non permanents, augmentant ainsi la pression sur le marché locatif.

Le marché de l’emploi reste solide, avec des taux de chômage bas : 5,8 % au Canada et 4,7 % au Québec en décembre dernier. Cet afflux de population, conjugué à une migration intérieure des travailleurs des grandes villes vers les régions, exacerbe la pénurie de logements.

Je me souviens d’avoir rencontré un jeune couple d’immigrants venus de France, qui avaient décidé de s’installer à Montréal pour profiter des opportunités professionnelles. Ils étaient enthousiastes, mais la recherche d’un appartement s’est rapidement transformée en cauchemar. Après des semaines de recherche et de visites infructueuses, ils ont finalement trouvé un petit deux-pièces dans un quartier modeste, bien au-dessus de leur budget initial.

Conséquences sociales et économiques

Les répercussions de cette crise sont profondes. Le coût exorbitant des logements a contraint de nombreux Canadiens à rester dans leurs logements actuels par crainte de ne pas trouver de meilleures options à des prix abordables. Cette situation a conduit à une réduction des taux de roulement des locataires, un signe clair de l’incertitude qui règne sur le marché locatif.

Mais ce n’est pas tout. La crise du logement a des conséquences sociales et économiques vastes. En décembre 2023, le gouvernement canadien a officiellement qualifié cette situation de « crise du logement ». Les hausses des coûts de logement contribuent à l’augmentation de l’itinérance et à la détérioration des conditions de vie dans certains logements, rendant l’abordabilité un problème majeur. Face à cette réalité, des mesures draconiennes sont envisagées, inspirées des stratégies mises en œuvre après la Seconde Guerre mondiale. Cependant, les solutions d’aujourd’hui doivent s’adapter à un contexte beaucoup plus complexe et exigeant en termes de coordination intergouvernementale.

Analyse régionale de la crise

Milieux urbains

Les grandes villes comme Montréal, Toronto, Vancouver, Calgary et Halifax sont confrontées à des défis uniques. La rareté des terrains constructibles, l’augmentation des coûts de logement et la pression sur les infrastructures urbaines sont des problèmes majeurs. La forte demande et l’insuffisance de l’offre contribuent à une flambée des prix de l’immobilier, rendant difficile l’accès à des logements abordables pour une grande partie de la population.

En effet, dans des villes comme Vancouver et Toronto, la densité de la population et la rareté des terrains disponibles rendent la construction de nouveaux logements particulièrement complexe et coûteuse. À Calgary, bien que les terrains soient plus disponibles, le défi réside dans l’équilibre entre le développement urbain et l’étalement excessif, qui peut entraîner des problèmes d’infrastructure et de services publics.

Rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL)

Un ami qui vivait à Vancouver m’expliquait que même avec un bon emploi dans le secteur technologique, il avait du mal à trouver un logement convenable à un prix raisonnable. Finalement, il a dû se résoudre à partager un appartement avec deux autres colocataires pour réduire les coûts.

Collectivités de taille moyenne

Les villes de taille moyenne, telles que Red Deer, Saskatoon, London, Kelowna, Trois-Rivières et Saint-Jean de Terre-Neuve, ne sont pas épargnées. Elles connaissent des problèmes d’abordabilité similaires à ceux des grandes villes, avec une demande de logements souvent supérieure à l’offre disponible. La diversité des types et des styles de logements est limitée, ce qui freine l’accueil d’une population variée aux besoins divers.

Rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL)

En outre, l’inadéquation des infrastructures face à la croissance démographique pose un défi majeur. Les services publics, tels que les transports en commun et les établissements de santé, peinent à suivre l’augmentation de la population, créant des tensions dans ces collectivités. L’économie locale, fortement corrélée à la disponibilité de logements abordables, peut également en pâtir. En effet, l’insuffisance de logements peut décourager les entreprises de s’installer ou de se développer dans ces régions.

Zones rurales

La crise du logement touche également les zones rurales de manière significative. À mesure que les centres urbains s’étendent, la demande de logements gagne les campagnes environnantes, exerçant une pression accrue sur les ressources locales et faisant grimper les prix de l’immobilier. Il est essentiel de trouver un équilibre entre la croissance économique et la préservation des surfaces agricoles pour assurer la durabilité de ces régions.

Rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL)

Les nouveaux secteurs d’activité, comme le tourisme en pleine expansion à Bragg Creek, Alberta, créent de nouveaux besoins en logement. Cependant, l’offre de logements est souvent insuffisante pour répondre à la demande croissante de la main-d’œuvre. Il est crucial de développer des solutions de logement adaptées pour soutenir ces économies rurales émergentes sans compromettre leur caractère unique et leurs ressources naturelles.

Perspectives d’avenir

Pour surmonter la crise actuelle, il est impératif de mettre en œuvre des solutions adaptées aux spécificités de chaque région. Une approche collaborative entre les différents niveaux de gouvernement et les acteurs locaux est essentielle pour répondre aux besoins variés de la population. Le développement de logements abordables doit être une priorité, avec des mesures pour faciliter la construction et la rénovation de logements adaptés.

Le Canada doit également continuer à accueillir les nouveaux arrivants tout en veillant à ce que l’offre de logements suive la croissance démographique. L’amélioration des infrastructures urbaines, la modernisation des règlements de zonage et la réduction des lourdeurs administratives sont des étapes nécessaires pour accélérer la construction de logements.

Je pense souvent à mes débuts au Canada, où chaque petit appartement visité était une histoire en soi. C’est là que j’ai rencontré d’autres étudiants étrangers, chacun avec ses propres défis et rêves. Nous avons partagé des astuces pour trouver des bons plans, comme visiter les appartements en hiver, quand la demande est plus faible. Ces souvenirs me rappellent l’importance de la communauté et de l’entraide, des valeurs qui, je l’espère, aideront à surmonter cette crise.

La crise du logement au Canada est un défi complexe et multifacette qui nécessite une action concertée et des solutions innovantes. Ceux qui envisagent d’immigrer au Canada, doivent être conscients des réalités du marché immobilier canadien.

Comprendre les défis actuels et les efforts déployés pour y remédier peut aider à mieux préparer leur transition vers une nouvelle vie au Canada. L’engagement du gouvernement et des collectivités locales sera crucial pour assurer un avenir où chaque Canadien et chaque nouvel arrivant puisse avoir accès à un logement décent et abordable.

Le Canada reste un pays accueillant et plein d’opportunités. Cependant, être informé des défis actuels et des efforts en cours pour les surmonter est essentiel pour toute personne envisageant de s’installer dans ce magnifique pays.


NB : Cet article se base sur des chiffres provenant du Rapport sur le marché locatif de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) un organisme gouvernemental relevant du Ministre du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités au Canada. Il ne constitue ni une recommandation ni un article sponsorisé par la SCHL. Les informations présentées visent à informer et à analyser les données disponibles de manière objective.

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