15 mai 2015

Peut-on vraiment rire de Hollande ?

François Hollande, est le président français qui bat le record du dirigeant le plus impopulaire de la Ve République, selon les mesures de cotes de popularité. Élu président de la République le 6 mai 2012, avec 51,64% des voix. En 2014 il a chuté dans les sondages à 13% de satisfaction, quant à son action à la tête de l’Elysée, et malgré ses différentes offensives médiatiques durant les récents événements de «Charlie», il y a 4 mois. Mais une fois en Haïti, sa chute n’était plus qu’au sens figuré.

Selon Paris Match la visite de Hollande en Haïti avait été boudée et bousculée par une bonne partie de la population, depuis l’épineuse «polémique qu’il avait suscité avec ses propos sur le remboursement de la dette» envers Haïti, pays que la France avait arbitrairement rançonné. Cette étape de la tournée avait été tendue pour Hollande. Selon Mariane Grépinet, envoyée spéciale de Paris Match en Haïti: «seuls les 1000 invités officiels étaient autorisés à assister à son discours.» Les citoyens haïtiens, eux, étaient tenu à distance.

Quelques dizaines de manifestants venus pour l’accueillir à l’aéroport international Toussaint Louverture à Port-au-Prince avait été refoulés par la police haïtienne. Longue tournée dans les Caraïbes, et polémique sur question de la dette, c’en était visiblement trop pour François Hollande.

Frantz Duval, rédacteur en chef du plus ancien quotidien haïtien Le Nouvelliste, a fait un résumé de la «maladresse» de Hollande sur la tweetosphère: «La France & Haïti n’avaient pas de contentieux ouvert sur la dette a passé sa brosse à promesses sur les cicatrices de notre passé.»

Au moment d’accéder à la tribune officielle du Champs de Mars, pour prononcer son discours, le président français a loupé une marche et a trébuché par terre, mais très rapidement relevé par le président haïtien Michel Martelly et d’autres officiels haïtiens qui l’accompagnaient. La scène n’a pas échappé à l’œil des nombreuses caméras et journalistes sur place pour immortaliser l’événement.

Comme ce fut le cas pour «le président Zimbabween Robert Mugabe, 91 ans, qui a trébuché en voulant descendre une marche à sa sortie du 24e sommet de l’Union africaine (UA) en Ethiopie – à l’issue duquel il a pris la présidence de l’UA.» Tourné en dérision par les internautes, la question avait été lancée par Courrier International. Peut-on vraiment rire de la chute de Robert Mugabe?

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En posant la même question dans le cas de Hollande, la réponse me semble plutôt négatif. Non, on ne peut pas vraiment rire du locataire de l’Elysée. Car les internautes auraient fait bien peu de cas de la chute du président zimbabwéen, si son régime autoritaire n’avait pas lui-même attiré l’attention sur l’incident en tentant de le censurer. C’est ce qui fait une grande différence entre les deux chutes.

Chuter n’a rien d’extraordinaire. Et le fait d’être chef d’État, Français ou Zimbabween, Américain ou Haïtien, n’y change rien. Et surtout dans le cas de François Hollande, si on considère le décalage horaire, et sa longue tournée qui l’a notamment menée à Cuba, en Martinique, en Guadeloupe, et donc en Haïti.

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